Des paysages vivants de vignes et de cyprès, avec en fond la masse majestueuse du Canigou.
Les 608 hectares autour de la Cité sont classés par décret du 9 mars 1998 au titre des Sites et des Paysages. L’objectif est de préserver le glacis immédiat de la cité médiévale et son écrin paysager côté Sud-Est composé de vignes, espaces cultivés, bois.
Une situation géographique héritée d’une longue histoire géologique à la croisée des domaines languedociens et pyrénéens. Bordé plus au Nord par les terrains plus anciens d’âge primaire de la Montagne Noire, au Sud par les contreforts des Pyrénées. Entre ces deux chaînes de montagne, les basses collines, buttes, rides à ossatures de grès, c’est le bassin carcassonnais. Il s’est formé grâce au démentèlement de la chaîne pyrénéenne. Il est composé des sédiments de l’âge tertiaire et quaternaire avec alternance de limons, sables et galets qui donneront argiles, marnes, grès plus ou moins fins, pudingues, c’est la molasse de Carcassonne.
Quelques affleurements de grès indurés, dans la Cité ou à proximité ont permis la construction de la Cité et des maisons carcassonnaises. La relation « paysage-monument » est essentielle pour conserver l’écrin naturel et culturel de la Cité et lui conférer cette ambiance unique. Cette zone géographique est privilégiée à la confluence de deux climats, celui méditerranéen porté par le vent marin chaud et humide et le climat océanique avec les influences de l’Atlantique soutenues par un vent frais venant du Nord- Ouest et amenant fréquemment des précipitations.
Ces deux vents qui sont présents aux environs de 300 jours par an s’affrontent par alternance pour mieux se confondre ensuite au niveau du terroir. Cette météorologie est très propice à la vigne et induit des particularités. Ainsi la pluviométrie élevée (700mm par an) évite les sécheresses estivales caractéristiques du climat méridionnal. Les cépages d’origine atlantique (merlot, cabernets, cot) côtoient les cépages traditionnels méditerranéens (carignan, cinsault, grenache, syrah). La présence de métis (caladoc, chenanson, marselan, chasan) trouvent ici leur lieu de prédilection.
L’adaptation de l’encépagement à ces différentes situations pédoclimatiques, permet une expression de vins riches et complexes, fruités, de grande finesse et d’une fraicheur remarquable. Ainsi en est –il de l’appellation vin de pays de la Cité de Carcassonne reconnue par décret le 25 janvier 1982. L’IGP se décline dans les trois couleurs et devient un bel ambassadeur de la Cité et de son histoire fortement lié aussi au commerce du vin.
La vigne présente depuis l’époque romaine est caractéristique du paysage depuis le XIXeme siècle. Mais le temps de la monoculture est dépassé, les différentes crises ont généré des arrachages, le temps est à la reconversion qualitative et avec elle à la reconquête d’une vigne paysage et aux fameux « tiers paysages »* de Gilles Clément.
*Un poudingue est une roche sédimentaire détritique consolidée, constituée de débris arrondis, qui sont d’anciens galets, qui ont subi un transport sur une certaine distance dans des rivières ou sur un littoral
* désigne les lieux où l’homme abandonne l’évolution du paysage à la seule nature. Il constitue des espaces privilégiés d’accueil de la biodiversité et apparait à ce titre comme des réservoirs génétiques de la planète. Les anciens les nommaient, « rives », « talus », « fossés », « haies »…
« Deux hirondelles volent au dessus des remparts. C’est un doux soir d’octobre, bleu et rose avec des fumées aux jardins des bords de l’Aude. Chaque créneau m’offre le même paysage de cyprès, de vignes, de côteaux ou des pins, ceux de la métairie si chère au souvenir. N’est-ce point d’ailleurs à cet unique souvenir que je dois goûter avec tant d’émotion de telles soirées en ces lieux? »
Jean Lebrau, Ce pays où l’ombre est un besoin ( 1950)
Deux corpus d’études à consulter réalisés par le syndicat mixte